Chacun est conscient des problèmes qui accompagnent ou précèdent la ménopause, l’espacement puis l’arrêt des règles, vers l’âge moyen de 50 ans.
Cet âge est très variable et les premières modifications du cycle peuvent survenir bien avant. On parle alors de « ménopause précoce ». Si cela arrive, ne vous affolez pas et interrogez votre famille ! Il y a souvent une prédisposition génétique qui n’a rien de pathologique.
Les déficits hormonaux et nutritionnels, qui s’accentuent à la ménopause et sont à l’origine de certains de vos symptômes actuels, peuvent préexister bien des années avant la raréfaction puis l’arrêt des règles.
Plus ils sont précoces et d’apparition progressive, plus vous aurez du mal à les identifier. Ils peuvent insensiblement modifier votre forme et votre qualité de vie. Ces symptômes sont bien connus :
- Bouffées de chaleur plus ou moins invalidantes ;
- Douleurs, raideurs articulaires et limitations de la mobilité ;
- Sécheresse vaginale, diminution de la libido ;
- Modifications de l’hydratation et de l’aspect de la peau ;
- Augmentation de l’irritabilité, de la nervosité, de l’anxiété ;
- Troubles du sommeil ;
- Augmentation de la fatigabilité, de la perte d’entrain pouvant mener à la dépression.
L’arrêt des règles induit souvent une augmentation du risque d’ostéoporose. C’est même l’argument mis en avant par ceux qui prônent l’utilité (et pour certains la nécessité) d’un traitement hormonal de substitution. Mais beaucoup d’études concluent que ce « THM » [1] n’est pas sans risques : on l’accuse de provoquer ou aggraver les cancers du sein, d’augmenter le risque cardio-vasculaire et même… de diminuer le cerveau ! [2].
Entre les partisans et les abstentionnistes des traitements hormonaux la polémique est donc loin d’être éteinte.
Mais si le débat était d’une autre nature ?
Ménopausée à l’adolescence ?
Il m’est souvent arrivé de consulter des femmes, et même de très jeunes femmes, présentant une partie des symptômes énumérés ci-dessus. Leur fatigabilité, leur anxiété et surtout leur manque de désir sexuel m’avaient conduit à leur proposer à la fois un bilan nutritionnel et un bilan hormonal.
Un bilan nutritionnel révélant des états déficitaires en zinc, en fer, vitamine D, vitamine B12… ou en antioxydants permettait déjà de les aider par des conseils diététiques ou ponctuellement, une supplémentation.
Mais la surprise était ailleurs !
Il m’est souvent arrivé de faire réaliser un dosage de sulfate de DHEA [3], de sulfate de pregnenolone et, en fin de cycle, particulièrement lorsque les règles étaient douloureuses, insuffisantes ou irrégulières des dosages de progestérone.
Rappelons que toutes ces hormones dites « sexuelles » sont directement synthétisées, dans l’organisme, à partir du cholestérol. La nutrition peut donc être directement en cause.
Les femmes (et les hommes) ayant génétiquement et familialement un cholestérol bas ne se portent pas bien : la fatigabilité physique et psychique, la fragilité émotive, la perte d’envie de vivre et de désirs et parfois la dépression sont au rendez-vous.
Une fois la diététique passée en revue et optimisée ainsi que le statut nutritionnel, et, si possible, l’arrêt du tabac, les mesures efficaces « non hormonales » ne sont pas très nombreuses.
A ma connaissance, seule la reprise ou l’augmentation d’une activité physique régulière [4] et la prise importante d’acides gras Oméga 3 [5] permettent à terme d’augmenter faiblement le taux de cholestérol et d’améliorer les synthèses hormonales.
Une supplémentation hormonale précoce ?
Une supplémentation hormonale peut être envisagée. Elle concerne 5 hormones: la DHEA, le cortisol, la pregnenolone, la progestérone et parfois la testostérone. Les résultats sur l’humeur et l’équilibre psycho-affectif peuvent être spectaculaires.
Cependant toute supplémentation hormonale, même à doses faibles, même réglée sur un bilan biologique régulier [6], doit être surveillée par une imagerie mammaire chez les femmes et prostatique chez les hommes [7] afin de s’assurer qu’aucun cancer hormonal n’est présent ou à risque.
Il faut préciser que toute supplémentation hormonale considérée comme dopante doit être totalement proscrite pour cet usage et plus particulièrement encore chez les athlètes soumis à contrôle anti dopage.
La DHEA
La DHEA ou déhydroépiandrostérone (j’ai consacré une lettre à ce sujet : ici) est une hormone dite androgène [8] produite principalement par les glandes surrénales et plus faiblement par les ovaires et/ou les testicules. C’est l’hormone circulante la plus abondante dans l’organisme.
Sans que la question ne soit définitivement tranchée il semble que la DHEA agisse de deux manières :
- En tant qu’hormone spécifique surrénalienne sur la fatigue surtout chez les sujets en déficit chronique ;
- En tant que précurseur d’hormones sexuelles, d’où les contre-indications classiques. [9].
C’est, dans mon expérience, l’hormone la plus efficace sur les symptômes de fatigabilité physique et/ou psychique.
Dans tous les cas je déconseille de prendre, de soi-même, de la DHEA sans avoir effectué un dosage plasmatique ou salivaire et surtout sans une surveillance médicale qui doit s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indications ou de risques particuliers.
Le cortisol
Comme la DHEA, le cortisol doit être dosé le matin avant 10 heures. Un dosage urinaire sur les urines de 24 heures peut nous donner un meilleur indicateur du fonctionnement de ces petites glandes au-dessus des reins que l’on nomme « corticosurrénales » qui sont essentielles à notre forme, notre vitalité, notre capacité de réagir aux stress.
La supplémentation en zinc (si nécessaire), la réglisse, le ginseng, l’éleuthérocoque ou le ginseng péruvien que l’on nomme maca les stimulent, mais parfois une faible supplémentation en hydrocortisone [10] sera nécessaire.
La pregnenolone
Hormone dite « mère » de la DHEA la pregnenolone est essentielle au bon fonctionnement de votre cerveau. De bonnes capacités cognitives et mémorielles en dépendent partiellement.
Je lui ai consacrée une lettre entière ici.
Les déficiences en DHEA et pregnenolone sont souvent associées et n’attendent pas l’âge de la ménopause ou même de la préménopause.
La progestérone
Lorsque l’on est en présence de troubles des règles telles des règles douloureuses (dysménorrhées), des cycles irréguliers ou des règles peu ou trop abondantes, le taux plasmatique de progestérone en fin ce cycle, entre le dix-huitième et le vingt cinquième jour (quand il y a un cycle) est souvent trop bas.
La réponse médicale habituelle à ce problème consiste à prescrire pendant cette période une prise de progestérone naturelle ou de progestatifs [11].
Dans une lettre sur la progestérone, j’ai développé les avantages sur une toute autre forme de l’utilisation de progestérone naturelle par voie percutanée. Les doses efficaces réellement absorbées par cette voie (en général le soir, sur les avant-bras) sont moindres, ne nécessitent pas une transformation hépatique et, selon certaines études, auraient même des effets protecteurs sur le système cardio-vasculaire [12] : Une cuillère à café de progestérone (2 ml) apporte environ 30 à 40 milligrammes de progestérone [13]. On n’utilise souvent qu’une demi-cuillère (15 à 20 milligrammes) voir un quart (7,5 à 10 milligrammes). Rappelons que la production physiologique (normale) du corps jaune, en fin de cycle est d’environ 20 milligrammes par jour : on reste donc dans un « fourchette physiologique.
Contrairement à une prescription médicale cette forme n’est pas disponible en pharmacie mais seulement sur Internet soit sous forme de crème soit sous forme de spray et n’est pas remboursable. Elle donc un coût à votre charge. Mais ses avantages et sa sécurité d’emploi supérieures m’ont conduit à la proposer en priorité tout en précisant que la surveillance clinique, biologique et radiologique doit être aussi rigoureuse qu’avec un traitement médicamenteux.
La testostérone en embuscade !
Les femmes produisent de la testostérone et en en ont besoin pour leur santé et plus particulièrement pour leur musculation, leur énergie et leur libido. La production qui est d’environ 60% de celle des hommes se fait dans les ovaires et se tarit au moment de la ménopause. En cas de maladie ou d’insuffisance ovarienne, elle est amoindrie. Il en est de même au moment de la ménopause bien qu’il persiste souvent une production « in situ » dans les organes où elle est utilisée [14].
Vous trouverez sur le site Santé Nature Innovation une lettre signée de Jean-Marc Dupuis [15] qui énumère les effets de la testostérone :
- Contrôle du poids, de la masse musculaire périphérique et cardiaque ;
- Conservation d’une meilleure mémoire [16] ;
- Action positive sur la forme et la résistance aux stress.
Bien entendu, dans les deux sexes, l’exercice régulier est absolument nécessaire afin d’entretenir un bon taux de testostérone.
L’industrie pharmaceutique s’était saisie du problème féminin de diminution du désir sexuel en mettent sur le marché un patch transdermique qu’elle dut retirer en 2012 du fait de risques et d’effets secondaires.
Rien de mieux que l’exercice et une musculation, même avec de faibles charges, y compris chez la femme pour maintenir son taux de testostérone et donc sa musculation, sa force musculaire et sa libido.
Rien ne vous empêche d’utiliser un précurseur végétal comme le « Tribulus Terrestris » à condition d’être certain(e) de sa qualité et de sa provenance. Ses effets n’ont pas été confirmés au plan scientifique ce qui n’empêche pas certains bodybuilders de l’utiliser et le préconiser [17].
Forme et santé masculine
La plupart des symptômes identifiés chez les femmes au moment de la ménopause, ou beaucoup plus tôt en cas d’insuffisance hormonale, peuvent être présents chez l’homme quel que soit l’âge, y compris les bouffées de chaleurs.
Les hommes castrés « chimiquement » par un traitement hormonal pour un cancer de la prostate le savent bien !
Il n’y a pas de « ménopause » chez l’homme et le terme « d’andropause » n’est plus utilisé car la baisse des hormones, chez l’homme, est très progressive. On parle de « déficit hormonal lié à l’âge » (DALA). Tout n’est alors qu’une question de physiologie personnelle, souvent de qualité de la nutrition, toujours d’un maintien d’exercice musculaire et parfois de supplémentation hormonale prudente et médicalement surveillée et/ou de prise de précurseurs hormonaux.
J’y reviendrai prochainement, surveillez donc bien votre boîte aux lettres !
Docteur Dominique Rueff
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