Je reviens de chez des amis qui avaient loué une maison au bord de la mer.
C’est une maison neuve, avec trois chambres, une petite cuisine, une jolie vue mais, au fond, rien d’une villa de millionnaire.
J’ai pourtant été impressionné, choqué même, par le nombre de pièces d’eau, et plus précisément le nombre de robinets.
Chaque chambre a sa salle de bains. Et dans chaque salle de bains, on trouve une baignoire, une douche, un lavabo, un bidet, des toilettes.
Des toilettes, donc, pour chaque chambre, plus encore des toilettes communes, à côté du salon.
Il faut compter encore une petite piscine extérieure chlorée avec sa douche, son lavabo, ses toilettes, à nouveau.
Cela paraissait normal à tout le monde. Personne ne s’en étonnait (à part moi).
Mais je pense que, dans quelques générations, les historiens qui étudieront notre époque ne manqueront pas de remarquer cette véritable folie de l’hygiène.
Je ne parle pas des conséquences écologiques de consommer tant d’eau (d’autant plus que nous étions dans une zone notoirement menacée par la sécheresse).
En restant strictement dans le domaine de la santé, je m’inquiète des conséquences catastrophiques pour nos systèmes immunitaires, nos allergies, de passer ainsi notre temps à nous laver, nous savonner, nous désinfecter.
Les mains sales
Excusez-moi d’évoquer constamment le passé mais je n’y peux rien, c’est plus fort que moi : quand j’étais petit, beaucoup de personnes autour de moi avaient les mains sales.
En utilisant cette expression, « mains sales », je m’aperçois que les jeunes de notre époque ne peuvent même plus imaginer ce que cela veut dire.
Pour eux, avoir les mains sales, c’est avoir les mains pleines de Nutella, ou de confiture. Ou avoir mis les doigts dans son nez morveux. On se passe les mains à l’eau claire et, déjà, elles sont propres.
Mais ce n’est pas ce qui s’appelait les « mains sales », dans mon enfance.
Les mains sales de ma jeunesse, c’était une crasse noire, incrustée, qui ne pouvait pas s’enlever. Le savon était impuissant, l’eau de Javel elle-même ne servait à rien. Les gens qui travaillaient de leurs mains les plongeaient constamment dans la terre, dans le cambouis, dans le fumier, ils se servaient de leurs mains comme d’outils, pour toutes sortes de choses que nous n’imaginons même plus aujourd’hui. Les ongles notamment, étaient entourés d’un liseré noir particulièrement tenace.
Il m’est encore arrivé, il y a vingt ans, de voir de telles mains quand j’ai voyagé dans des zones particulièrement reculées d’Asie centrale.
C’est devenu une curiosité aujourd’hui. Mais autrefois, toute la population était comme ça.
Les gens n’avaient pratiquement jamais les mains « propres », c’est-à-dire immaculées, au sens de notre société où la plupart des gens travaillent sur des ordinateurs.
Voyez-vous par exemple les veines bleues qui courent sur vos mains ? Autrefois, seule une infime partie de la population, les aristocrates, qui ne travaillaient pas la terre, avaient les mains assez propres pour qu’on puisse remarquer chez eux ces veines bleues. C’est pourquoi on les appelait aussi les « sangs bleus ». Les gens croyaient que ce n’était pas normal !
Mais tous les autres… Et pensons aux hommes des tribus qui s’enduisaient le corps de boue, de glaise, d’argile.
Enfants aborigènes ayant passé l’après-midi à jouer dehors, pour de vrai !
Trop d’hygiène donne des maladies
Certains experts pensent que c’est le manque de contact avec la crasse, la poussière, les pollens et autres bactéries qui explique la montée des allergies.
Et certains scientifiques relient la hausse des maladies chroniques, comme les maladies auto-immunes, les dépressions, l’hyperactivité, à un défaut de contact avec les micro-organismes vivant naturellement dans les sols.
En fait, les études montrent que les enfants qui sont en contact avec des animaux domestiques, notoirement porteurs de « parasites », et qui sont mis au contact des microbes du sol, comme les bactéries, champignons, levures, protozoaires, et des insectes ou des petits animaux, comme les vers de terre, ont un meilleur système immunitaire et un meilleur développement psychologique.
Un petit peu de crasse ne nuit pas
Ce n’est pas parce que vous n’avez plus l’âge de faire des pâtés de sable que vous ne pouvez plus bénéficier du contact avec la terre.
Le mois de septembre approche et ce sera le moment de réfléchir à l’endroit où vous allez préparer votre potager pour l’année prochaine (si vous n’en avez pas encore un).
Le nouveau numéro de Plantes & Bien-être, notre journal sur les plantes, donne des astuces pour faire un jardin, y compris si vous habitez en ville, en appartement.
Faire pousser vos légumes vous apportera de nombreux autres bienfaits, dont le plaisir de manger enfin, à nouveau, des produits qui ont du goût.
Cela vous permettra de faire pousser vos propres plantes médicinales, en plus de vous procurer les herbes aromatiques fraîches qui exalteront le goût de vos plats, et vous procureront les antioxydants et phytonutriments nécessaires à une bonne santé.
Travailler à l’extérieur vous permettra de respirer de l’air frais et de vous exposer plus souvent au soleil. Vous aurez un meilleur taux de vitamine D, votre peau sera plus belle et votre moral plus solide. La vue du vert, et du ciel bleu, régule le taux de sérotonine (l’hormone de la bonne humeur) et votre rythme circadien (cycle du sommeil) s’harmonisera avec la lumière du jour : votre sommeil sera plus profond, et plus réparateur.
Certains expliquent en outre que le contact avec la terre permettra de décharger l’électricité statique de votre corps, tout en vous connectant avec l’énergie géophysique de la Terre.
Une bactérie dans le sol qui vous veut du bien
On trouve dans le sol un micro-organisme appelé Mycobacterium vaccae qui active lui aussi la production de sérotonine, ce qui aide à réguler la libido, la mémoire, l’humeur, le sommeil et le comportement social.
Et quand vous récoltez vos légumes, que vous vous réjouissez de remplir votre panier des fruits de votre labeur, votre cerveau s’inonde de dopamine, un autre neurotransmetteur qui produit des bouffées de bonheur !
Ce phénomène, aussi connu sous le nom d’instinct de cueillette, a été développé par notre espèce il y a plus d’un million d’années. Trouver des légumes mûrs, et les cueillir, provoque un flux de dopamine qui « récompense » notre cerveau, créant un sentiment d’euphorie.
C’est un antidépresseur qui se trouve à votre disposition, dans votre propre jardin !
Et n’oubliez pas d’en faire profiter vos enfants et petits-enfants si vous en avez.
Faites-les jouer avec les vers de terre, les escargots, les chenilles, les bâtons, les cailloux, le chien, etc. Demandez-leur de vous aider à semer les graines, à désherber, arroser, biner, sarcler.
Laissez-les se salir. Sauter dans les flaques. Jouer avec la boue. Et même se piquer aux ronces et aux orties. Ou encore tomber et s’égratigner un peu les genoux, les mains.
N’ayez pas peur du tétanos. Ils ont, on le sait maintenant, bien plus de risque de tomber malade à force d’être trop restés dans les effluves chimiques des désinfectants, plastiques, vernis d’intérieur ; à force d’être trop lavés, frottés, désinfectés !
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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