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Se ronger les ongles

Dans le mode de vie naturel, les Hommes n’avaient pas besoin de se couper les ongles.

Quand ils creusaient un trou (à mains nues), grimpaient à un arbre en s’accrochant avec les ongles, déchiquetaient un animal pour le manger, affrontaient un adversaire ou un prédateur, ils utilisaient leurs ongles, qui s’usaient.

C’est pour compenser cette usure que nos ongles poussent, comme les dents des lapins pour compenser le grignotage.

Bien entendu, la vie moderne ne nous donne plus d’occasion d’user nos ongles. Nous avons besoin de les couper avec des ciseaux ou de les… ronger !

Ronger les ongles pose problème

Pour autant, ronger ses ongles pose beaucoup de problèmes, tant esthétiques qu’hygiéniques.

Les ongles, qui raclent en permanence les surfaces, accumulent deux fois plus de saleté que les mains elles-mêmes, et sont donc des vecteurs de contamination.

Les personnes qui se rongent les ongles et les cuticules (peau autour des ongles) à l’extrême se font régulièrement saigner, ce qui favorise encore les infections.

Il paraît donc toujours préférable d’arrêter de se ronger les ongles. Pourtant, c’est une habitude extrêmement difficile à quitter.

Toutes les techniques qui ne marchent pas pour arrêter de se ronger les ongles

  • Punir un enfant qui se ronge les ongles est totalement inefficace. Cela ne fera qu’empirer le problème ;
  • Mettre du verni amer, solution d’autrefois, est très peu efficace aussi. On s’habitue, on développe des stratégies pour se débarrasser du verni pour ronger les ongles malgré tout ;
  • Les faux ongles, les manucures, les gants, les pansements sur les doigts sont efficaces très provisoirement. Ils ne résolvent pas le problème de fond ;
  • Il existe aussi des bracelets qui envoient des décharges électriques chaque fois que vous portez vos doigts à votre bouche ; c’est une solution cruelle qui rappelle les rats de Pavlov, mais qui est illusoire sur l’être humain ;
  • Mâcher du chewing-gum, le bout d’un stylo ou triturer une balle anti-stress permet d’épargner un peu les ongles mais ne règle pas non plus le problème de fond.

Car la vérité est que se ronger les ongles est révélateur d’un secret bien plus profond de la personnalité. Et c’est à ce sujet qu’il faut travailler.

Un profond secret de votre personnalité

Je vais vous dire ce secret mais je dois vous prévenir tout de suite : ce n’est pas uniquement le stress, comme on l’a longtemps pensé.

Il est vrai qu’on se ronge les ongles encore plus quand on est stressé. Mais la plupart des personnes qui se rongent les ongles le font aussi quand elles rêvent allongées dans un transat sur la plage, parfaitement détendues.

Le Dr Freud avait aussi émis l’hypothèse que c’était le signe d’une enfance trop riche en attention, avec un développement psycho-sexuel stoppé au stade… oral, évidemment.

C’est peut-être vrai, mais impossible à démontrer, et de toute façon cela ne nous apporte pas la solution.

D’autres enfin ont pensé que se ronger les ongles révélait un désir d’automutilation, comme une forme atténuée de ces personnes qui se coupent la peau au couteau. Là encore, cette théorie n’est plus prise au sérieux actuellement.

En effet, les dernières études psychologiques ont montré que les choses étaient beaucoup plus simples, et positives, que ça.

Se ronger les ongles, un signe positif

Les personnes qui se rongent les ongles sont simplement des personnes très enthousiastes et actives, qui sont toujours dans le feu de l’action. Malheureusement, le monde ne va pas assez vite pour elles.

Leur corps et leur esprit sont en mode « action », mais le temps autour d’elles ne s’est pas encore écoulé : l’ordinateur n’a pas encore démarré, la machine n’a pas encore chauffé, l’heure du départ du train ou de l’avion n’a pas encore sonné.

Mais elles voudraient déjà y être.

Psychiquement, elles sont déjà dans l’action et, comme elles ne peuvent pas agir, elles trouvent quelque chose à faire pour décharger leur trop-plein d’énergie : se ronger leurs ongles, mais parfois aussi se triturer la peau du visage, arracher des cheveux, des cils, mâcher violemment un chewing-gum, se mordre les lèvres, sortir leur langue, etc.

Le problème commence à l’école

Les instituteurs et institutrices le savent.

Le système scolaire voudrait que tous les bambins soient sagement assis à leur place à écouter les consignes et faire leur travail. Ce serait tellement plus simple.

Certains y arrivent. Mais pour une importante minorité, c’est impossible. Et ils inventeront n’importe quoi pour tenir jusqu’à la sonnerie de la récréation : ils se balanceront (et tomberont) de leur chaise, lanceront des boulettes et des avions en papier, chatouilleront leur voisin, feront tomber leur gomme, leur stylo, voire leur trousse tout entière. Ils essayeront de manger du papier, se mettre les doigts dans le nez ou encore gribouiller des dessins en cachette sur une feuille. Ils auront besoin d’aller aux toilettes au milieu du cours,

À force de réprimandes, de punitions, ils finiront par apprendre à se maîtriser. Mais leur énergie intérieure, elle, sera toujours là, et leurs ongles serviront de soupape pour les empêcher d’exploser. 45 % des adolescents se rongent les ongles [1] ! Certains, très souples, peuvent aller jusqu’à se ronger les ongles… des pieds !! (J’en ai connu).

Et bien sûr ce phénomène peut se maintenir toute la vie, car l’énergie intérieure ne disparaîtra pas.

Un signe de perfectionnisme

Au contraire, plus vous êtes dans le contrôle de vous-même, plus haute la probabilité que vous vous rongiez les ongles à l’âge adulte.

De rigoureuses études psychologiques publiées dans le Journal of Behavior Therapy and Experimental Psychiatry [2] ont montré que les personnes qui se rongent les ongles sont perfectionnistes.

Ce sont des personnes qui ont peur de l’échec. Qui se fixent des exigences démesurées. Qui n’arrivent pas à réaliser une tâche à un rythme normal.

Jackie Kennedy se rongeait terriblement les ongles. Britney Spears, comme de nombreuses starlettes vivant dans la compétition permanente, se ronge les ongles au point de n’avoir plus que des « boudins à la place des doigts » comme le dit méchamment le journal Public [3].

La solution

Ainsi se ronger les ongles permet temporairement de faire face à un afflux d’énergie que vous ne parvenez pas à utiliser de manière productive.

Mais le seul moyen de se débarrasser d’un problème est de résoudre la cause.

Inutile d’espérer cesser vous ronger les ongles dès le départ.

Inversez la démarche. Voyez cette habitude comme un moyen intéressant de vous renseigner sur vous-même.

Achetez un petit carnet avec un stylo, que vous garderez à portée de la main. Chaque fois que vous vous surprenez en train de vous ronger les ongles, notez dedans ce qui vous occupait l’esprit à ce moment-là :

  • Etiez-vous en train de vous ennuyer ? De vous impatienter ? Aviez-vous envie de faire quelque chose qui n’était pas possible à ce moment-là ? Aviez-vous peur, étiez-vous inquiet ? Si oui, de quoi exactement ?
  • Privé de moyens d’action immédiats, vous passez votre énergie sur vos ongles. Mais pourriez-vous, dans votre carnet, inscrire une liste de choses que vous pourriez faire malgré tout maintenant, pour éviter de perdre complètement votre temps ? Y a-t-il pour vous un moyen d’être productif autrement ?

Je ne parle pas d’un chewing-gum ni d’une boule antistress. Mais y a-t-il une activité que vous aimez, et qui surtout vous donne l’impression d’être utile tout de suite, que vous pourriez entreprendre ?

Pour certains cela peut être un jeu d’entraînement mental, un ouvrage de tricot ou broderie qui leur plait, un instrument de musique, un exercice de musculation que l’on peut faire discrètement.

L’important est qu’il y ait l’idée de progression, de perfectionnement pour vous. Car vous êtes quelqu’un qui avez besoin, chaque jour, d’avancer dans la bonne direction, ne serait-ce que d’un petit pas. C’est la difficulté à trouver les occasions de le faire qui vous fait vous ronger les ongles.

Vous pouvez vous motiver en vous rappelant que ronger vos ongles n’est pas seulement mauvais pour vos mains. C’est aussi mauvais pour vos dents. Une association de dentistes affirme que cela coûte 3000 euros en frais dentaires supplémentaires.

Enfin, donnez-vous le temps. Une habitude met, en moyenne, 21 jours à se changer, à partir du moment où vous prenez la décision.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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