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Malaise, anxiété, déprime
10/8/2014 11:00:12 PM
Chère lectrice, cher lecteur,
Il peut être dangereux d’aller voir un psychologue ou un psychiatre pour des problèmes de malaise, d’anxiété, de déprime.
Il existe des cas de malaise extrême (dépression profonde) et d’anxiété (crises de panique) qui relèvent de la médecine.
Mais actuellement, dans de nombreux cas, ce n’est pas vous qui êtes malade et qui devez changer. C’est le monde qui vous entoure qui est malade et qui devrait changer.
Mais ce n’est pas toujours une bonne idée.
La fille d’une de mes amies a fait le mois dernier une tentative de suicide. Elle a été hospitalisée à l’hôpital Necker, à Paris, où des psychiatres se sont occupés d’elle pendant une semaine, interdisant à sa famille tout contact avec elle. Ils ont essayé de l’aider à changer sa vision de l’existence, à avoir une meilleure perception d’elle-même. Ils lui ont aussi donné des médicaments pour éliminer ses angoisses (anxiolytiques).
Le problème est que cette jeune fille n’avait aucun problème psychologique. Si elle avait envie d’en finir, c’est parce qu’elle était victime depuis des mois, dans son collège, d’agressions et d’humiliations insupportables (liées à son physique). Mais la direction de l’école n’intervenait pas pour la protéger.
Les psychiatres de l’hôpital ne pouvaient rien pour changer cela. Ils n’ont aucune autorité sur la direction du collège. C’est ainsi qu’il fut décidé à leur niveau de lui donner des médicaments, des séances de psychanalyse, puis de la renvoyer dans son collège, en croisant les doigts. (Je vous rassure, après discussion avec mes amis, cette jeune fille n’est pas retournée auprès de ses tortionnaires).
Et pourtant, ouvrons les yeux.
Les personnes confortablement installées au sommet de la hiérarchie sociale peinent à reconnaître le degré de détresse, de passivité, d’ennui, d’isolement et de déshumanisation qui règne dans le reste dans la société. Les incivilités qui se multiplient. Les écoles qui ne proposent qu’un moule unique pour tous les enfants, le travail dans des bureaucraties énormes et impotentes (qu’elles soient publiques ou privées), les administrations qui vous traitent comme un numéro… Tout ceci transforme les rapports normaux entre les gens en favorisant la crainte plutôt que la bienveillance, la manipulation plutôt que le respect, l’efficacité des machines plutôt que les besoins émotionnels des êtres humains, la dépendance plutôt que la liberté.
Peut-on considérer comme maladivement nostalgiques les personnes qui souffrent d’un monde où :
Alors oui à la psychiatrie et aux médicaments pour les personnes qui souffrent réellement de problèmes psychiques.
Mais pour tous les autres ? Ne demandons pas à la médecine de nous aider à fermer les yeux et à nous boucher les oreilles grâce à des « pilules du bonheur ». Il y a bien mieux à faire.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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10/8/2014 11:00:12 PM
Il peut être dangereux d’aller voir un psychologue ou un psychiatre pour des problèmes de malaise, d’anxiété, de déprime.
Il existe des cas de malaise extrême (dépression profonde) et d’anxiété (crises de panique) qui relèvent de la médecine.
Mais actuellement, dans de nombreux cas, ce n’est pas vous qui êtes malade et qui devez changer. C’est le monde qui vous entoure qui est malade et qui devrait changer.
Méfiez-vous des solutions toutes faites de la psychiatrie
La formation, la fonction des psychiatres et psychologues, est de vous aider à changer votre vision du monde pour vous aider à vous sentir plus heureux, que ce soit par des médicaments, la psychanalyse ou les thérapies cognitives et comportementales.Mais ce n’est pas toujours une bonne idée.
La fille d’une de mes amies a fait le mois dernier une tentative de suicide. Elle a été hospitalisée à l’hôpital Necker, à Paris, où des psychiatres se sont occupés d’elle pendant une semaine, interdisant à sa famille tout contact avec elle. Ils ont essayé de l’aider à changer sa vision de l’existence, à avoir une meilleure perception d’elle-même. Ils lui ont aussi donné des médicaments pour éliminer ses angoisses (anxiolytiques).
Le problème est que cette jeune fille n’avait aucun problème psychologique. Si elle avait envie d’en finir, c’est parce qu’elle était victime depuis des mois, dans son collège, d’agressions et d’humiliations insupportables (liées à son physique). Mais la direction de l’école n’intervenait pas pour la protéger.
Les psychiatres de l’hôpital ne pouvaient rien pour changer cela. Ils n’ont aucune autorité sur la direction du collège. C’est ainsi qu’il fut décidé à leur niveau de lui donner des médicaments, des séances de psychanalyse, puis de la renvoyer dans son collège, en croisant les doigts. (Je vous rassure, après discussion avec mes amis, cette jeune fille n’est pas retournée auprès de ses tortionnaires).
Une société paumée
Dans son livre « La société saine » (1955), le psychanalyste Eric Fromm écrivait :« Pourtant, beaucoup de psychiatres et psychologues refusent l’idée que la société dans son ensemble pourrait être malade. Ils maintiennent que le problème de la santé mentale dans la société ne concerne qu’une minorité d’individus "inadaptés", et non pas la culture en elle-même, qui devrait être adaptée aux individus.[1] »Notre société est elle en bonne santé, et ceux qui ont du mal à s’y adapter sont-ils des malades qu’il faut traiter ? Ou bien notre société est-elle elle-même paumée ? Dans ce cas, il serait logique que beaucoup de nos contemporains aient des difficultés émotionnelles à supporter les conditions de vie :
« Une société malade est une société qui crée de l’hostilité mutuelle, de la méfiance, et qui transforme l’homme en un instrument exploité par les autres, qui le prive du sentiment d’avoir de la valeur, sauf dans la mesure où il se soumet aux autres et devient un automate [2] », disait Fromm.Pour ma part, il me semble en effet que l’agressivité, l’indifférence, la mauvaise foi sont devenues omniprésentes. En l’espace de 24 heures, j’ai été personnellement témoin des scènes suivantes :
- un jeune automobiliste qui s’arrête au milieu de la rue et sort de sa voiture pour injurier et menacer physiquement une vieille dame qui le suivait ;
- un policier qui met une amende à un monsieur pendant que celui-ci prend son ticket à l’horodateur, et refuse de l’annuler ;
- un restaurateur qui explose de colère parce qu’un client demande une carafe d’eau plutôt qu’une bouteille d’eau ;
- une nourrice qui menace le petit garçon dont elle a la garde parce que celui-ci panique du fait que sa maman soit partie.
« C’était mieux avant » ?
Je n’ai aucune idée de ce qu’il faudrait faire pour changer tout cela. Mais une chose est sûre : si vous dites aujourd’hui en public que, pour certaines choses, « c’était mieux avant », il se trouvera systématiquement quelqu’un qui vous traitera de ringard et de passéiste.Et pourtant, ouvrons les yeux.
Les personnes confortablement installées au sommet de la hiérarchie sociale peinent à reconnaître le degré de détresse, de passivité, d’ennui, d’isolement et de déshumanisation qui règne dans le reste dans la société. Les incivilités qui se multiplient. Les écoles qui ne proposent qu’un moule unique pour tous les enfants, le travail dans des bureaucraties énormes et impotentes (qu’elles soient publiques ou privées), les administrations qui vous traitent comme un numéro… Tout ceci transforme les rapports normaux entre les gens en favorisant la crainte plutôt que la bienveillance, la manipulation plutôt que le respect, l’efficacité des machines plutôt que les besoins émotionnels des êtres humains, la dépendance plutôt que la liberté.
Peut-on considérer comme maladivement nostalgiques les personnes qui souffrent d’un monde où :
- le système de santé exploite la maladie plutôt que de promouvoir la santé ;
- la solitude prend des allures d’épidémie, avec maintenant une personne de 75 ans sur quatre qui n’a plus aucun contact avec personne, ni ami, ni famille, ni voisins, ni connaissances quelles qu’elles soient, avec un nombre de personnes seules en augmentation de 1 million depuis 2010 [3] ;
- des catastrophes écologiques sont annoncées de toutes parts ;
- des dirigeants politiques mettent toute leur énergie à mentir sur la situation (« La croissance revient ! », « Le chômage va baisser ! ») ;
- des conflits armés éclatent aux quatre coins du globe ?
Alors oui à la psychiatrie et aux médicaments pour les personnes qui souffrent réellement de problèmes psychiques.
Mais pour tous les autres ? Ne demandons pas à la médecine de nous aider à fermer les yeux et à nous boucher les oreilles grâce à des « pilules du bonheur ». Il y a bien mieux à faire.
Survivre – et atteindre le bonheur – en milieu hostile
Voici ce que je recommande pour non seulement survivre, mais même atteindre le bonheur, quand vous avez l’impression que ça va objectivement mal autour de vous :- Limitez la lecture et l’écoute des « infos ». Les infos, c’est un peu comme si elles étaient faites pour vous déprimer, ou au moins vous faire peur. Car la peur fait vendre. Les journalistes savent que plus une histoire est incroyable, affligeante, désolante, plus elle attirera l’attention – même si elle ne concerne pas le lecteur. Ils ont donc une tendance naturelle à sélectionner des histoires terribles. Et à force de les lire, vous finissez par avoir l’impression que tout va mal autour de vous. De plus, la plupart des informations n’ont que très peu d’utilité pratique. Elles concernent des problèmes sur lesquels vous n’avez aucune prise. Cela accroît votre sentiment d’impuissance. Plusieurs études ont montré que les personnes qui ne suivent pas les infos ne s’en sortent pas moins bien que les autres dans la vie, mais sont par contre plus sereines et plus heureuses [4]. Lire des livres contribue mieux à la réflexion qu’un flux constant de flashs d’infos.
- Luttez contre le stress chronique par des aliments anti-stress : une alimentation riche en magnésium, des plantes comme le millepertuis et la rhodiola, des tisanes apaisantes (il y en a une multitude), du chocolat noir (70 % de cacao) contribueront à vous sentir plus détendu et à avoir meilleur moral.
- Faites régulièrement de l’exercice, si possible en plein air : le sport libère des endorphines qui donnent une sensation de bien-être et améliorent l’humeur sur le long terme ; la sensation du grand air sur le visage, de l’eau fraîche sur le corps, le vert des forêts et des prairies, le ciel bleu et le soleil ont un puissant effet anti-dépresseur.
- La méditation, la relaxation, le yoga, les massages rendent plus heureux. Des études ont également montré que les personnes qui prient et qui ont une vie religieuse font plus confiance à la vie et ont moins de risque de dépression [5].
- Changez votre environnement pour l’améliorer si c’est possible : déménagez, évitez les fréquentations « toxiques », changez de travail si votre métier vous impose trop de souffrances.
- Luttez contre l’anxiété en prenant vos précautions : adoptez un mode de vie sain qui diminuera votre risque de maladie ; réduisez votre train de vie si vous angoissez que votre compte en banque soit dans le rouge, et faites des économies ; soignez vos relations avec votre entourage (famille, amis, voisins) : se sentir bien entouré socialement donne plus de confiance et plus de forces dans l’épreuve ; améliorez votre sommeil, cela vous aidera à vous sentir plus serein.
- Si vous essayez ces mesures et qu’elles ne suffisent pas, je vous recommande alors une psychothérapie comme les TCC (thérapies cognitives et comportementales). Elles sont particulièrement efficaces en cas de stress post-traumatique, c’est-à-dire lorsque vous éprouvez une angoisse provoquée par un événement perturbant (accident, agression, deuil).
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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